dimanche 18 octobre 2009

Facebook, oui ou non ?


Tout le monde connaît Facebook. La preuve : en date du 12 octobre 2009, Facebook enregistrait, aux Etats-Unis, une part de marché de 55,6 %, ce qui représente une augmentation de 194 % par rapport à l’an dernier (Journal du Geek, 2009 : En ligne). En février 2004, le fondateur, Mark Zuckerberg, était loin de se douter que le petit réseau qu’il mettait sur pied pour les étudiants de l’université d’Harvard allait devenir, cinq ans plus tard, le plus grand réseau social, avec 300 millions d’utilisateurs. Sa formule était garante de succès puisque seulement deux semaines après sa fondation, la moitié des étudiants du campus demandait à se joindre au réseau. Voyant le succès s’intensifier, Zuckerberg a dû recruter deux de ses amis, Dustin Moskowitz et Chris Hughes, afin de l’aider à construire ce qu’est devenu Facebook. En seulement quatre mois, au moins 30 collèges américains s’étaient joints à cette communauté (Crunch Base, 2009 : En ligne). Le graphique suivant illustre parfaitement la montée fulgurante des inscriptions au réseau jusqu’en 2007.


Facebook en communication publique

À la base, Facebook a été conçu pour que des étudiants diplômés puissent garder contact avec leurs anciens camarades de classe. Aujourd’hui, l’usage que les gens en font est très différent. Facebook est devenu un outil de relation publique pour plusieurs personnalités publiques, en commençant par les animateurs de radio. Beaucoup d’émissions radiophoniques ont leur propre page Facebook : par exemple, à l’antenne de NRJ, l’émission « Votre beau programme » avec Pierre-Yves Lord. Les animateurs l’utilisent pour pouvoir communiquer d’une manière instantannée avec leurs auditeurs, particulièrement les jeunes, et ainsi personnaliser le contenu de l’émission. En réaction à cette tendance, deux anciens responsables de la radio NRJ en Europe, Roberto Ciurleo et Emmanuel Jayr, ont lancé, en octobre 2008, un nouveau poste de radio sur Internet : Goom Radio. « Les radios ont désormais beaucoup de mal à séduire des jeunes qui consomment autrement : sur Internet ou via leur mobile. Il faut donc innover. Personnalisation de la programmation, réseau social et interactivité sont également au coeur du projet » (Musi, 2009 : En ligne).

Ce principe, les politiciens l’ont aussi compris. En effet, plusieurs politiciens ont leur page personnelle sur Facebook : Régis Labeaume, Mario Dumont, Amir Khadire, Gérard Deltel, Denis Coderre, Line Beauchamp, Claude Béchard, Nathalie Normandeau, Michelle Courchesne, et j’en passe. Même Stephen Harper en a une ! Dans le Thunderbird, journal publié dans l’ouest canadien, un analyste politique affirme que « Prime Minister Stephen Harper’s attempt to use Facebook to target key youth voters is missing the mark » (Sung, 2009 : En ligne). De plus, la page Facebook de Harper est un moyen détourné de convaincre les électeurs indécis de voter pour lui ou de simplement gagner leur confiance. Voici ce que Kathleen Cross, professeure au département de communication à l’Université de Capilano à Vancouver, avait à dire à ce sujet :

« Almost all elections are geared towards swing voters. You’ve got people who will always vote Conservative, people who will always vote Liberal, people who will always vote NDP. And then you’ve got the people who kinda move between parties, and those are the ones that decide in fact who’s the next government » (Sung, 2009 : En ligne).

L’utilisation de la page Facebook constitue, particulièrement dans le cas de Stephen Harper, une façon de personnaliser le pouvoir. Les électeurs se sentent davantage près de celui qui dirige leur pays. De plus, la curiosité de notre société face à ce que les autres font pendant notre absence est grandissante. Il suffit simplement de penser au nombre croissant de téléréalités de toutes sortes qui envahissent le petit écran. Dans un article de l’Express, en France, des journalistes expriment clairement où en est rendu la curiosité de notre société : « une curiosité infinie pour ce que fait l'autre en cachette de nous, pour ce que nous nous refusons généralement à montrer ou à avouer » (Remy, Stehli, Jimbar et Charles, 2001 : En ligne). Ainsi, en utilisant une page Facebook comme moyen de communication avec les électeurs, les politiciens démontrent qu’ils n’ont rien (ou presque !) à cacher, ce qui peut contribuer à adoucir l’image de ces derniers.

Cependant, pour en revenir à la page Facebook de Stephen Harper, cette dernière n’est pas des plus personnalisée. Un de ses homologues français a fait tout un ravage lorsqu’il a changé sa page Facebook.

 

Nicolas Sarkozy et Facebook

Depuis son entrée au pouvoir de la République, Nicolas Sarkozy possédait une page Facebook que l’on pouvait caractérisée de très institutionnelle. Par contre, en mai 2009, un changement radical a été effectué sur sa page : photo de profil plus personnalisée (voir photo), la page sur les loisirs et les activités du Président enrichies et des vidéos tournés dans les coulisses du château. Voici un exemple de vidéo où Sarkozy apparaît dans pévoir lors d’un entretien entre sa femme, Carla Bruni, et les lectrices d’un magazine français :

http://www.youtube.com/watch?v=knatKXzWPXU&feature=PlayList&p=E437723EE82B3FED&index=27&playnext=2&playnext_from=PL

La nouvelle a fait la manchette des bulletins de nouvelles en Europe. Pourquoi Sarkozy a-t-il modifié sa page Facebook ? L’entourage du chef de l’État explique « qu’il ne s’agit pas de montrer un Sarkozy intime, le président reste le président. Ce qu’on veut, c’est montrer une image plus personnelle » (Gauthier, 2009 : En ligne). Encore une fois, satisfaire la curiosité immense de notre société fait désormais partie du monde politique, jusqu’à une certaine limite évidemment. En quelque sorte, Sarkozy joue la carte de la proximité afin de mieux séduire les internautes, public constitué en majorité de jeunes électeurs. Rien n’est fait pour rien en politique !

 

Facebook : un bon outil ?

Dans le domaine de la politique, l’utilisation de Facebook est hautement controversée. Autant certains prônent son utilisation, alors que d’autres la bannissent totalement. Dominique Volton, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en Europe, spécialiste des médias, est totalement contre l’utilisation de Facebook en politique et blâme les pratiques de Sarkozy. En effet, il affirme que Sarkozy se trompe en pensant qu’on peut faire un continuum entre la vie publique et la vie privée lorsqu’on est une personnalité publique comme lui (Le Buzz, 2009 : En ligne) Ce qui y est dit n’est pas toujours nécessairement vrai. Il qualifie même le contenu de propagande, ce qui pourrait facilement se retourner contre Sarkozy le moment venu.

À l’opposé, François de la Brosse, chargé de mission Internet pour l’Élysée, mentionne qu’il ne faut pas mélanger les choses. Il y a l’aspect communautaire et l’aspect des médias. Le premier représente les acteurs qui s’expriment sur des sites d’expressions tel que Facebook. Le second n’implique aucun échange. Dans la stratégie de Sarkozy visant à séduire les internautes, c’est l’aspect communautaire qui prône (Le Buzz, 2009 : En ligne). On veut savoir ce que les gens pensent, et ce, rapidement. Brigitte Fourré, candidate aux Européennes 2009 pour le parti Nouveau Centre, affirme que Facebook « s'adresse à une population majoritairement jeune et il permet une mobilisation rapide grâce à l'existence des groupes. En période électorale, il assure une diffusion immédiate de l'information » (eToile, 2009 : En ligne).

Je me range du côté de François de la Brosse qui affirme que le but est de faire des échanges entre les personnalités publiques et la population, facilitant ainsi l’échange d’informations. Aujourd’hui, la technologie nous entoure, voire même nous envahit. Il faut que tout le monde s’ajuste à ce phénomène, même les personnalités publiques. Je ne crois pas que cela ne fait qu’apporter des bons côtés, mais j’estime que Facebook représente un outil presque nécessaire pour avoir le pouls de la population sur divers sujets. C’est instantané comme communication. Il suffit de se brancher sur sa page et on peut immédiatement avoir accès aux commentaires des internautes sur un sujet donné. Évidemment, cela amène son lot d’inconvénients. La vie privée en prend un coup à cause de ce phénomène de voyeurisme qui caractérise notre société actuelle, mais je ne crois pas que c’est suffisant pour dire que Facebook peut nuire en tous points à une personnalité publique. Il suffit simplement de savoir comment l’utiliser.

Jusqu’où vont les limites de l’utilisation de ce réseau social monstre ? Est-ce qu’on peut réellement qualifier cet outil de nécessaire ?

 

Références

Crunch Base, 2009. « Facebook ». En ligne. <http://www.crunchbase.com/company/facebook>. Consulté le 13 octobre 2009.

eToile, 2009. « Pourquoi les candidats sont-ils sur Facebook ? ». En ligne. <http://etoile.touteleurope.fr/index.php/post/2009/05/12/Pourquoi-les-candidats-sont-ils-sur-Facebook>. Consulté le 17 octobre 2009.

Gauthier, Amélie, 2009. « Facebook : quand Sarkozy tombe la veste ». En ligne. <http://tf1.lci.fr/infos/france/politique/0,,4421100,00-quand-sarkozy-tombe-la-veste-.html>. Consulté le 13 octobre 2009.

Journal du Geek, 2009. « Facebook et Twitter enregistrent des records de fréquentation ». En ligne. <http://www.journaldugeek.com/2009/10/12/facebook-et-twitter-enregistrent-des-records-de-frequentations/>. Consulté le 13 octobre 2009.

Le Buzz, 2009. « Le Buzz : Part 1 : la webstory de Sarkozy ». En ligne. <http://tf1.lci.fr/infos/podcast/buzz/0,,4420917,00-le-buzz-part-i-la-webstory-de-sarkozy-.html>. Consulté le 13 octobre 2009.

Musi, Gilles, 2009. « Goom Radio, la radio Internet qui défie NRJ ». En ligne. <http://www.lexpansion.com/economie/actualite-high-tech/goomradio-la-radio-internet-qui-defie-nrj_180871.html>. Consulté le 17 octobre 2009.

Remy, Jacqueline. Stehli, Jean-Sébastien. Jeambar, Denis. Charles, Gilbert. 2001. « Le triomphe du voyeurisme ». En ligne. <http://www.lexpress.fr/actualite/societe/le-triomphe-du-voyeurisme_494189.html>. Consulté le 17 octobre 2009.

Sung, Amanda, 2009. « Harper looks to Facebook to reach Young voters ». En ligne. <http://thethunderbird.ca/2008/10/06/harper-looks-to-facebook-to-reach-young-voters/>. Consulté le 14 octobre 2009.